jeudi 2 octobre 2014

Valérie DEPADOVA


"Le chien à roulettes"
Acrylique, collage, pastel et encre sur toile
24 x 32 cm

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De son enfance passée à Bou-Haroun sur la côte algérienne, Valérie Depadova conserve des images paisibles. Sensible à la chose esthétique, son père rapporte d’Afrique noire des objets qui fascinent l’enfant : il en naîtra un travail pictural aux surprenantes connotations ethniques.

La terre d’Afrique est une source inépuisable ; reflet d’une identité qui affleure, c’est elle qui va nourrir l’inspiration. La stylisation des formes humaines et leurs disproportions, les lignes protubérantes ou ramassées, les postures souvent asymétriques mais toujours dynamiques des personnages, rappellent la statuaire africaine. Il émane de cette approche personnelle et rythmée de notre anatomie, un sens de vitalité et de force qui illumine chaque composition.

Si un étrier de poulie devient corps, c’est qu’il y a un message à transmettre… Et puis il y a cet œil. Cette représentation incontenue de l’œil offert au vide dans le triangle des visages. Paré pour la croisade, l’iris exorbité part en quête d’une vérité qu’il veut panoramique. Cet œil propulsé bien au-delà de sa fonction, n’est pas sans rappeler la pupille ésotérique d’Horus.

Vecteurs de pulsions résurgentes, les toiles aux sujets déportés invitent les regards à une lente évolution. Par son aptitude au renouvellement, Valérie Depadova relie l’art aux évènements les plus importants de la vie, donnant ainsi à ses œuvres une dimension sociétale.

Dans cette peinture qui se concentre sur les êtres vivants - humains et animaux mêlés -, les pensées en révolte de l’artiste s’expriment sans concession. Dans une grande vitalité d’expression et au travers de titres évocateurs qui nous suggèrent l’évidence, on nous demande de réfléchir. Ainsi nous sont livrées, à peine déguisées, les interrogations du peintre sur notre monde prédateur.

Dans un univers expressif et ocré où la spontanéité participe à une vive émotion esthétique, les bouches creusées dans les visages émettent des rugissements silencieux. On le constatera : le style de Valérie Depadova accepte les variations individuelles. La liberté des formes, l’articulation anguleuse des pleins géométriques, n’évoquent-ils pas certains élans cubistes... Les peintures singulières de cette artiste sont celles de l’esprit vivant. Car ce qui nous est montré, va bien au-delà du regard et peut mener jusqu’à la transe.

Dominique Peloux-Raynal

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"Home, sweat home" 
Acrylique, graphite, collage et encre de Chine sur toile
30 x 40 cm